Dans un monde où les attentes envers les entreprises ne cessent de croître, la responsabilité sociale des entreprises (RSE) devient un enjeu incontournable. Aujourd’hui, les entreprises sont attendues non seulement sur leurs résultats financiers, mais aussi sur leur impact social et environnemental.
Alors comment s’assurer que les décisions de l’entreprise prennent bien en compte à chaque fois ses préoccupations sociales, sociétales et environnementale ?
C’est là qu’intervient la gouvernance de la RSE !
La gouvernance de la RSE fait référence aux processus et structures qui guident comment une entreprise intègre ses engagements sociaux et environnementaux dans sa stratégie globale. Selon le Global Reporting Initiative (GRI), il s’agit de « l’intégration des préoccupations sociales, environnementales et éthiques dans la gouvernance et la prise de décision des entreprises ». Cette approche holistique de la gestion vise à s’assurer que les pratiques de l’organisation répondent aux attentes de ses parties prenantes tout en créant une valeur durable. En d’autres termes, c’est l’ensemble des règles et pratiques qui garantissent que les décisions prises tiennent compte des responsabilités sociétales de l’entreprise.
Face aux enjeux actuels, mettre en place une gouvernance RSE efficace est devenu indispensable pour assurer une gestion durable et responsable.
Dans cet article, CAUSE explore pour vous l’importance de cette gouvernance et vous propose des bonnes pratiques pour relever les défis auxquels les entreprises sont confrontées.
Les Fondements de la Gouvernance de la RSE
La gouvernance de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) désigne le cadre qui organise et dirige la façon dont une entreprise met en œuvre ses engagements sociaux et environnementaux. Elle repose sur des valeurs fondamentales telles que l’éthique, la transparence et la responsabilité, qui influencent directement les décisions et les actions de l’entreprise.
Mais concrètement, la gouvernance de la RSE, c’est aussi le « qui fait quoi ». Car il est essentiel de définir clairement qui pilote, qui suit, qui décide, et qui est responsable.
Et sans cette structure précise, le risque est que rien ne se passe.
En effet, la RSE est parfois perçue comme un condensé de tâches additionnelles, destinées à se perdre dans des emplois du temps déjà bien remplis. Si les rôles et les responsabilités ne sont pas bien définis, et que la responsabilité du succès d’une feuille de route RSE n’est pas partagée, il peut alors devenir difficile de faire avancer l’entreprise vers une transformation durable et l’atteinte de ses objectifs.
La question centrale qui se pose souvent dans la gouvernance de la RSE est :
« Qui doit être impliqué dans la prise de décision ? ».
Cette interrogation touche parfois presque à une réflexion philosophique, car elle remet en cause la manière dont une entreprise devrait s’organiser pour intégrer véritablement les préoccupations sociales et environnementales.
Faut-il impliquer toutes les parties prenantes dans le processus décisionnel ? Et, si oui, comment ?
Par exemple, certaines entreprises choisissent d’organiser des forums ouverts, où une centaine de parties prenantes sont invitées à échanger, challenger et émettre des avis tranchés. D’autres optent pour la création d’un comité transversal RSE, qui se réunit plusieurs fois par an pour discuter et acter sur les chantiers à poursuivre, arrêter ou démarrer.
Qu’il s’agisse d’un comité dédié, d’un système de vote participatif ou d’une toute autre approche, la clé est de s’assurer que les bonnes personnes sont autour de la table avec les bonnes mécaniques de gouvernance, pour que les décisions prises en matière de RSE soient pertinentes et efficaces, et en respect de la culture organisationnelle de l’entreprise.
En définissant bien cette gouvernance, les entreprises augmentent leurs chances d’atteindre leurs objectifs RSE et de promouvoir une culture axée sur la durabilité.
Structures et Organes de Gouvernance de la RSE
Il n’existe pas un modèle de gouvernance RSE unique et idéal à vous partager ici.
Il en existe une multitude, leur point commun étant qu’ils sont efficaces s’ils sont adaptés à la culture et à l’activité de l’entreprise.
Mais, souvent, on voit quand même émerger deux organes de gouvernance :
La création d’un comité RSE
Ce comité est composé de membres de la direction, mais aussi d’autres parties prenantes, en fonction de l’entreprise : salariés, représentants du personnel, membres d’associations extérieures, fournisseurs, clients, élus, …
Cette diversité de profils garantit une forme de contrôle du bon déroulé de la démarche RSE, un pouvoir de décision partagé et éclairé, et donne un signal fort sur l’engagement de l’entreprise à aller au bout de sa démarche.
En effet, gouverner la RSE uniquement au niveau du Codir, appuyer d’un service RSE ou Impact, c’est prendre le risque de rester dans le piège de la tour d’ivoire, où tout se décide unilatéralement. Au contraire, si vous avez co-construit votre démarche RSE avec vos parties prenantes, vous pouvez difficilement imaginer gouverner cette démarche sans elles !
Sans oublier que cela donne du poids et de la crédibilité à vos actions, et renforce l’image positive de la Culture RSE, qui doit être diffusée et incarnée par tous les collaborateurs !
A noter que pour les entreprises à mission, le “comité de mission” est obligatoire si l’on souhaite que l’OTI valide la qualité de “société à mission”.
Nommer un directeur RSE
Parallèlement au comité RSE, il est nécessaire de nommer une personne en charge de piloter opérationnellement la RSE dans l’organisation, Ce directeur RSE joue un rôle clé afin de coordonner les efforts liés à la RSE avec toutes les directions métiers, et filiales lorsqu’il y en a, et de garantir une approche holistique de la durabilité.
Souvent, on remarque que les entreprises commencent par confier une mission RSE à un alternant ou un chargé de projet, rattaché à une direction communication ou RH, plus rarement à la direction commerciale ou production. On lui demande de dresser un état des lieux, de mener à bien une certification ou encore d’établir un rapport RSE, mais ce fonctionnement trouve vite ses limites.
En effet, sans un rattachement direct au Codir, la RSE risque de passer après les dossiers du dessus de la pile, même lorsqu’une première version de stratégie RSE a été élaborée.
La RSE patine alors, et une sensation d’insatisfaction voire de perte de temps peut alors grandir, aux détriments des grands enjeux concernés.
C’est pourquoi il n’est absolument pas anecdotique de nommer la personne qui dirigera la RSE, en respect de la culture de l’entreprise (directrice RSE, Impact, Engagement ? ). Cela permettra également de donner toutes ses chances au plan d’acculturation RSE de fonctionner, car il y aura un pilote dans l’avion. 😉
En fonction de la taille de votre entreprise et de son activité, cette personne sera donc responsable ou directrice de la RSE, et pourra compter sur une équipe de chefs de projets afin d’assurer les grands chantiers à mener : bilan carbone, acculturation des collaborateurs, CSRD si vous y êtes soumis, et tous les chantiers liés à votre stratégie et feuille de route.
A noter qu’avec l’émergence de la CSRD, certaines entreprises font le choix de rattacher la RSE à la direction Finances, notamment pour simplifier le pilotage de la CSRD.
Dans tous les cas, la direction RSE est clé et demande à celui ou celle qui s’en empare de détenir deux soft skills qui nous semblent incontournables : le leadership et l’écoute active, car il porte la responsabilité de transformer l’entreprise, et donc les hommes et les femmes qui la composent.
Il ou elle doit être confiant dans la stratégie, persévérant tout en faisant preuve de souplesse dans sa manière pour y arriver, et toujours dans la collaboration.
Quelques chiffres sur l’organisation de la RSE dans les entreprises
Les chiffres récents confirment l’importance croissante de la RSE au sein des entreprises.
En 2024, 8 entreprises sur 10 disposent d’une équipe dédiée à la RSE, soit une progression de 10 points par rapport à 2022, selon le baromètre RSE réalisé par Kantar pour Vendredi.
De plus, 76 % des entreprises allouent désormais un budget à la RSE, contre 68 % en 2022. Cette évolution s’accompagne d’un rattachement plus fréquent des directions RSE au COMEX, avec 70 % des responsables RSE qui y sont désormais associés, un chiffre en hausse de 7 points par rapport à 2022.
Ces données démontrent que la RSE occupe de plus en plus une place stratégique dans les entreprises. D’après les auteurs de l’étude, cette montée en puissance est en grande partie due aux nouvelles réglementations, comme la directive européenne sur les rapports de durabilité des entreprises (CSRD), ainsi qu’à l’image que cela renvoie de l’entreprise et à l’urgence d’agir sur les enjeux sociaux et environnementaux.
Cependant, malgré ces avancées, les ressources allouées à la RSE – en termes de temps, de personnel et de financement – restent limitées. Alors que les obligations légales et les défis à relever continuent de croître, 65 % des entreprises interrogées indiquent qu’elles manquent encore de budget pour déployer efficacement leurs initiatives RSE. Par ailleurs, un autre défi majeur est la mesure de l’impact des actions RSE, qui représente un frein pour 74 % des entreprises. La difficulté à évaluer l’impact de la RSE sur le retour sur investissement (ROI) freine encore son déploiement à grande échelle.
Les Défis de la Gouvernance de la RSE
La mise en place d’une gouvernance efficace de la responsabilité sociale des entreprises (RSE) est confrontée à plusieurs défis majeurs. Tout d’abord, il est souvent difficile pour les entreprises de concilier leurs objectifs économiques avec les impératifs sociaux et environnementaux de la RSE. Cette tension peut compliquer l’élaboration de politiques RSE cohérentes et freiner la prise de décisions alignées sur des valeurs de durabilité. C’est pourquoi il est essentiel de poser une ambition forte dès le départ, une vision claire et audacieuse qui guide chaque action RSE. Faire en sorte que votre responsabilité sociale soit perçue comme une histoire forte et engageante.
L’engagement des parties prenantes représente un autre défi crucial
Comme présenté dans cet article de Carenews, la plupart des collaborateurs sont encore trop peu informés sur la RSE. Il ne suffit pas simplement d’informer : il faut impliquer activement toutes les parties prenantes, y compris les employés, les clients, les fournisseurs et les communautés locales, dans le processus de gouvernance. Cela demande des efforts de communication soutenus pour garantir une participation significative et un soutien durable. Sans une véritable intégration, le risque est de voir les initiatives RSE perçues comme déconnectées de la réalité quotidienne de l’entreprise.
Pour éviter cet écueil, il est fondamental de définir une feuille de route claire qui montre comment chaque action s’inscrit dans la stratégie RSE globale. Les dispositifs d’animation et de sensibilisation doivent être reliés à une ambition précise de l’entreprise. Sinon, ces initiatives peuvent rapidement perdre de leur impact, et les résistances au changement se manifestent souvent dans ce contexte. Lorsque les objectifs ne sont pas bien communiqués ou compris, ceux qui s’opposent aux nouvelles pratiques peuvent avoir une influence négative, ralentissant la transformation.
La formation interne, un défi majeur
Cet autre article de Novethic résume bien pourquoi il est essentiel pour les entreprises d’investir dans la formation et le développement des compétences de leurs collaborateurs.
Le but ? Faire que la RSE soit véritablement intégrée dans toutes les pratiques commerciales. Cela suppose parfois un changement culturel en profondeur, qui n’est jamais facile à mettre en œuvre.
D’ailleurs, une récente étude*(en partenariat avec le cabinet Birdeo, dont vous pouvez retrouver la fondatrice, Caroline Renoux, au micro du podcast Business Positif) montre que de nombreux salariés sont encore mal informés des initiatives RSE au sein de leur entreprise, ce qui freine leur engagement.
Pour surmonter ces obstacles, il est essentiel d’adopter une approche collaborative et inclusive de la gouvernance de la RSE. Cela passe par un engagement de toutes les parties prenantes à tous les niveaux de l’organisation. Mais aussi par des investissements continus dans le développement des compétences internes grâce à des formations adaptées. Pour que la RSE devienne une réalité tangible et non une simple déclaration d’intention, il faut soutenir chaque initiative avec des ressources adéquates et une stratégie proactive. Et dans cette logique, il est également important d’embarquer les managers dans cette transformation en leur donnant un rôle important dans le suivi et les prises de décisions à leur échelle.
En adoptant cette approche stratégique et en restant ouverts aux évolutions, les entreprises peuvent non seulement relever ces défis, mais aussi progresser vers une gouvernance RSE plus solide et efficace, capable de répondre aux enjeux actuels tout en assurant un impact positif sur le long terme.
Exemples de Gouvernance de la RSE
1 – Groupe Léa Nature :
Le Groupe Léa Nature, basé à La Rochelle, est une entreprise familiale spécialisée dans la production de produits bio et naturels. Comptant environ 1300 collaborateurs, Léa Nature s’est imposé comme l’une des entreprises françaises pionnières en matière de RSE, en intégrant cette dimension au cœur de sa stratégie.
Gouvernance RSE :
Chez Léa Nature, la RSE est rattachée directement au comité de direction (CODIR). Ce qui permet une implication active de la direction générale dans toutes les décisions relatives aux enjeux sociaux et environnementaux. Chaque département de l’entreprise, qu’il s’agisse du marketing, des achats ou de la production, a des objectifs RSE propres, adaptés à son domaine d’activité. Ce modèle permet d’intégrer la RSE à tous les niveaux de l’organisation, et non comme un sujet périphérique.
L’entreprise dispose également d’un comité RSE transversal. Celui-ci est composé de membres issus de différentes divisions de l’entreprise ainsi que de parties prenantes externes (ONG, associations locales). Ce comité se réunit régulièrement pour suivre l’avancement des initiatives RSE. Mais également identifier de nouvelles opportunités d’amélioration et assurer une transparence totale sur les décisions prises.
Impact sur la notoriété et la performance :
L’approche rigoureuse de la RSE chez Léa Nature a permis à l’entreprise de gagner en notoriété sur le marché des produits bio, un secteur en forte croissance. En adoptant une politique de transparence et d’éthique, Léa Nature a renforcé la confiance des consommateurs. Ce qui a contribué à une augmentation continue de ses ventes (le groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros en 2022). De plus, l’engagement RSE de l’entreprise lui a valu plusieurs certifications et distinctions (notamment le label B Corp). Sa visibilité et son attractivité ont donc été renforcées auprès de nouveaux partenaires commerciaux et consommateurs.
2 – La MAIF :
La MAIF, une mutuelle d’assurance basée à Niort, est un autre excellent exemple de moyenne entreprise française ayant adopté une gouvernance RSE structurée et performante. Avec environ 7600 collaborateurs (le chiffre est certes conséquent mais leur structure de gouvernance est pertinente pour les PME/ETI), la MAIF est reconnue pour son engagement en faveur d’une économie durable et responsable.
Gouvernance RSE :
La MAIF a intégré la RSE directement dans sa stratégie d’entreprise. Cela se reflète d’ailleurs dans toutes les directions et divisions de l’organisation. La RSE est pilotée par une équipe dédiée à la responsabilité sociale, qui est rattachée au CODIR. Ce dernier suit de près l’évolution des projets, et chaque direction dispose d’objectifs RSE spécifiques, adaptés à ses missions et activités. De plus, l’entreprise s’appuie sur un comité consultatif externe. Celui-ci étant composé de représentants d’ONG, d’associations de consommateurs et d’experts en développement durable. Un comité qui fournit des recommandations et aide à orienter les choix stratégiques.
La MAIF a également mis en place des mesures de performance claires en matière de RSE. Un suivi régulier des indicateurs sociaux, environnementaux et financiers. Ce cadre de gouvernance permet une gestion proactive des enjeux RSE, intégrée au quotidien de l’entreprise.
Impact sur la notoriété et la performance :
L’engagement en faveur de la RSE a largement contribué à renforcer la notoriété de la MAIF. Notamment auprès des jeunes générations, sensibles aux valeurs éthiques et responsables. La mutuelle se positionne comme un acteur majeur de l’économie sociale et solidaire, ce qui lui a permis de gagner de nouveaux clients et de fidéliser ses assurés. En 2023, elle a enregistré un chiffre d’affaires en hausse de 4% par rapport à l’année précédente. Une croissance partiellement attribuée à son engagement dans des pratiques durables. La MAIF est également reconnue comme un leader du secteur assurantiel en matière de responsabilité sociale. Une reconnaissance qui lui a valu plusieurs prix et labels, renforçant encore sa visibilité et sa crédibilité sur le marché.
Conclusion et perspectives vis à vis de la Gouvernance RSE
Il est essentiel de poursuivre une réflexion continue sur la gouvernance de la RSE et d’adopter des pratiques innovantes et inclusives pour relever les défis sociaux et environnementaux actuels. Les entreprises doivent intégrer la RSE dans leur stratégie globale et mobiliser l’ensemble de leurs parties prenantes pour maximiser leur impact positif sur la société et l’environnement.
C’est pourquoi avec l’Agence CAUSE, nous sommes là pour accompagner les entreprises dans cette démarche. Que ce soit pour diffuser la Culture RSE en interne, structurer la RSE au sein de l’entreprise, accompagner la construction d’une gouvernance RSE pérenne grâce à de l’intelligence collective, travailler sur la raison d’être et les valeurs, ou encore pour aider l’équipe RSE à valoriser ses actions, nous sommes disponibles pour apporter notre expertise et notre soutien.
Ensemble, engageons-nous à faire de la gouvernance de la RSE un levier de réussite de la feuille de route RSE, pour un avenir plus durable et équitable pour tous.